"fin de crise des équipementiers"
[ 22/07/10 - 19H24 - Les Echos - actualisé à 12:07:05 ]
Les grands fournisseurs des constructeurs automobiles ont trouvé un régime de croisière plus favorable depuis le début de l'année. Grâce à leur développement accéléré hors d'Europe, ils prévoient de belles marges sur l'ensemble de 2010
DENIS FAINSILBER et ARIELLE GONCALVES, Les Echos
Les grands fournisseurs des constructeurs automobiles révisent leurs prévisions annuelles en hausse et touchent du bois : après un premier semestre qui s'est mieux déroulé que prévu, ils peuvent désormais entrevoir les prochains mois avec une certaine sérénité. « Nous sommes en sortie de crise, reconnaît Yann Delabrière, PDG de Faurecia, le numéro un français du secteur. En Europe, nous avons encore un cap délicat à passer au second semestre mais sur un horizon de deux-trois ans, nos dépenses d'investissements et de R&D vont reprendre. » Laurent Burelle, son homologue de Plastic Omnium, concurrent du précédent pour les activités de pare-chocs, est sur la même ligne : « 50 % des équipementiers sont sortis de la crise, mais attention aux problèmes de liquidité pour les autres. »
Sur l'ensemble de 2010, et malgré un ralentissement annoncé de ses facturations au second semestre, Faurecia table à présent sur un résultat opérationnel de plus de 340 millions d'euros, contre 200 millions jusqu'à présent. Quant à Plastic Omnium, il estime avoir « abaissé son point mort de façon pérenne », et s'attend à croître plus vite que le marché automobile mondial.
Les résultats semestriels publiés hier étayent clairement ce regain d'optimisme. Faurecia, filiale de PSA à 57,4 %, est sorti du rouge avec un bénéfice net de 101,9 milions d'euros, faisant suite à une perte de 364,6 millions sur la période janvier-juin 2009. Sa marge opérationnelle est remontée à 216 millions d'euros, soit 3,2 % du chiffre d'affaires, son meilleur niveau depuis longtemps. Le chiffre d'affaires consolidé se redresse de 56 %, et de 27 % si l'on exclut du périmètre les récentes acquisitions (Emcon aux Etats-Unis et les activités allemandes et espagnoles de Plastal).
Quant à Plastic Omnium, déjà revenu dans le vert au premier trimestre, il a confirmé sa meilleure santé financière en publiant un bénéfice semestriel 9 fois supérieur à celui engrangé il y a un an sur la même période (72,3 millions d'euros).
La rentabilité des deux groupes s'est donc fortement améliorée. « Les progrès opérationnels de Faurecia viennent en premier lieu de l'effet de la croissance des volumes, et ensuite des progrès de la marge sur coûts variables », détaille Frank Imbert, directeur financier. Au plus fort de la crise, le 6e équipementier automobile mondial a réduit de 25 % ses effectifs, avant de réajuster ce paramètre à la hausse.
Aujourd'hui, « nous avons fait l'essentiel de la restructuration qui était nécessaire pour ajuster notre base de coûts », indique Yann Delabrière, qui n'exclut pas d'autres « évolutions » ponctuelles, en Europe ou ailleurs. C'est surtout la réorientation géographique de l'activité qui devrait guider la croissance future de Faurecia. « L'Europe représente deux tiers de nos ventes actuelles, part qui devrait passer à 56 % en 2014. Nos activités continueront à progresser dans cette région, mais moins vite qu'ailleurs », ajoute le patron du groupe. Du coup, la baisse du marché automobile européen, qui pourrait atteindre 5 % à 8 % au second semestre, ne sera pas si dramatique.
Du côté de Plastic Omnium, la marge opérationnelle, en croissance de plus de 3 points par rapport à 2009, a plus que doublé sur un an, à 7,3 %. Une amélioration due autant au pilotage au plus juste de ses capacités de production qu'à une stratégie de développement ciblant des produits et des pays promis à une forte croissance. Parmi eux : les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), qui ne représentent encore que 9 % de son chiffre d'affaires automobile, mais cette proportion est appelée à croître « significativement dans les trois ans à venir, prévient le groupe. Globalement nous sommes sur des marchés qui vont croître de 50 % sur cinq ans ».